Café du matin : un réveil en trompe-l’œil ? »

Le café du matin, un rituel sacré pour des millions de personnes. Mais cette habitude matinale a-t-elle vraiment l’effet stimulant que nous lui prêtons ? Une récente étude scientifique vient bousculer nos croyances.

Sommaire

Café Du Matin : Plus Qu’un Rituel, Une Influence Sur La Motivation ?

Le café du matin, une illusion ? C’est une question qui mérite d’être posée. Pour beaucoup, c’est plus qu’une habitude, c’est presque un rituel. En 2021, 90% des Français consommaient du café, et environ 7 sur 10 en buvaient quotidiennement.

Le moment privilégié pour cette consommation ? Le matin, sans surprise. 80% des consommateurs de café le font avant midi, cherchant à se réveiller, à se sentir plus alertes, plus énergiques, prêts à attaquer la journée. Mais cette croyance populaire est-elle fondée sur des faits réels ou n’est-elle qu’une illusion ?

Une équipe de chercheurs portugais de l’Université de Minho a tenté de répondre à cette question en menant une étude pratique. Ils ont réuni des personnes consommant au moins une tasse de café par jour et les ont soumises à une série de tests.

Le café et la caféine, deux effets distincts. Les participants ont été privés de café pendant les trois heures précédant l’expérience. Ils ont ensuite subi une IRM avant et après avoir consommé soit de la caféine pure, soit une tasse de café.

Les résultats ? Dans les deux cas, les connexions du réseau en Mode Par Défaut (MPD), actif lorsque nous ne sommes pas concentrés sur le monde extérieur, étaient réduites. Que ce soit avec la caféine pure ou le café, les participants étaient mieux préparés à passer de l’état de repos à l’état de travail.

Mais l’étude a révélé une différence significative entre le groupe qui a ingéré de la caféine et celui qui a bu du café. Avec le café, les IRM ont détecté une connectivité accrue dans la zone du cerveau dédiée à la mémoire, au contrôle cognitif et à la volonté d’accomplir des objectifs. Avec la caféine, ce changement n’a pas été observé.

Le café, plus qu’une simple dose de caféine. Ces résultats suggèrent que la caféine seule ne permet pas d’obtenir les mêmes effets que l’action de boire son café le matin. Pour confirmer ou infirmer l’effet placebo du café, il faudrait mener une étude supplémentaire avec un groupe consommant du café décaféiné.

Caféine et cerveau : une relation complexe et durable

La caféine, une substance qui laisse des traces. Selon une étude menée par l’Inserm, la consommation régulière de caféine modifie durablement le fonctionnement moléculaire des cellules de l’hippocampe, région du cerveau associée à la mémoire. Cette modification se traduit par une plus grande plasticité neuronale, qui pourrait faciliter les apprentissages et améliorer la mémoire.

La caféine, un facilitateur d’apprentissage ? Les chercheurs ont administré quotidiennement à des souris une dose modérée de caféine, équivalente à environ trois tasses de café par jour pour un humain. Après deux semaines, ils ont étudié les cellules de l’hippocampe des animaux. Les résultats ont montré que la caféine laissait des « traces » moléculaires à long terme dans l’hippocampe, notamment sur le plan épigénétique.

Des effets différents selon les types de cellules. Les traces laissées par la caféine ne sont pas les mêmes selon les types de cellules. Par exemple, certaines voies métaboliques semblent être modulées à la baisse dans les cellules non neuronales de l’hippocampe (cellules gliales), tandis que l’activité d’autres voies est à la hausse dans les neurones.

La caféine, un allié de la mémoire ? Les observations effectuées en situation d’apprentissage sont particulièrement intéressantes. Lors d’une tâche d’apprentissage, l’activité transcriptionnelle, qui reflète le niveau d’expression des gènes, augmente dans l’hippocampe. Cette augmentation est beaucoup plus forte chez les animaux qui consomment régulièrement de la caféine.

Café et Alzheimer : une protection inattendue ?

Le café, une boisson aux effets surprenants. La caféine, présente en grande quantité dans le café, est connue pour stimuler les performances cognitives, maintenir l’éveil et augmenter les performances de mémorisation. Ces effets sur les processus de la mémoire ont suscité l’intérêt des chercheurs spécialisés dans les maladies neurodégénératives comme la maladie de Parkinson ou la maladie d’Alzheimer.

La caféine, une alliée contre Alzheimer ? L’action de la caféine sur le cerveau, d’un point de vue moléculaire, consiste au blocage d’un récepteur appelé « adénosinergique A2A ». Ces récepteurs modulent les signaux envoyés par certains neurones et agissent dans la libération de substances pro-inflammatoires pouvant endommager le cerveau. Il a été démontré en 2011 que le blocage de ces récepteurs participait à la protection des neurones chez des personnes atteintes d’AVC ou de maladie de Parkinson.

Dans le cadre de la maladie d’Alzheimer, il semblerait que les effets de la caféine limitent la production du peptide Bêta-amyloïde et de la protéine Tau anormalement phosphorylée, responsables des lésions caractéristiques de la maladie d’Alzheimer. Une équipe franco-allemande a mis en évidence chez des souris que le blocage du récepteur A2A permet de diminuer significativement la quantité de protéine Tau anormale ainsi que de diminuer les phénomènes inflammatoires localisés dans la région de l’hippocampe, le siège de la mémoire.

Ces découvertes ouvrent de nouvelles perspectives pour la prévention des maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer. Cependant, il est important de noter qu’il s’agit d’un modèle expérimental animal et qu’il est donc nécessaire de réaliser une étude chez l’Homme pour pouvoir valider ces résultats.

Alors, combien de café faut-il consommer ? Selon plusieurs études, consommer 3 à 5 tasses de café par jour serait suffisant. Il est recommandé de les boire avant 17h pour éviter les difficultés d’endormissement, et de préférer un café noir sans sucre, ni lait pour limiter l’apport excessif en glucides et lipides.

Derniers articles

ça va vous intéresser