Le crudivorisme, un régime à risque pour la santé

Le décès de Zhanna D’Art, une influenceuse végane qui prônait le crudivorisme, a relancé le débat sur les dangers de cette pratique alimentaire. Quels sont les principes et les conséquences du crudivorisme ? Est-ce un choix sain ou une forme d’extrémisme ? Nous avons enquêté pour vous.

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Le Crudivorisme : Un Régime Alimentaire aux Conséquences Fatales

Le crudivorisme, aussi appelé « alimentation vivante », consiste à se nourrir exclusivement d’aliments crus et non transformés. Les adeptes de ce régime espèrent ainsi préserver les nutriments et les enzymes des aliments, qu’ils considèrent comme essentiels pour la santé. Ils affirment aussi que le crudivorisme permet de détoxifier l’organisme, de renforcer le système immunitaire, de prévenir les maladies chroniques et même de guérir du cancer.

Il existe différents types de crudivores, selon le degré de restriction qu’ils s’imposent. Certains se limitent aux fruits et aux légumes, d’autres incluent les graines germées, les oléagineux, les algues ou le miel. Certains consomment également des produits d’origine animale crus, comme les œufs, le lait, le fromage ou la viande. Il y a même des crudivores qui mangent de la viande avariée, croyant qu’elle contient des bactéries bénéfiques.

Zhanna D’Art faisait partie des crudivores les plus radicaux. Cette jeune femme de 39 ans, originaire d’Ukraine, avait adopté le crudivorisme il y a six ans, après avoir été diagnostiquée d’un cancer du sein. Elle avait alors arrêté son traitement médical et s’était lancée dans une quête spirituelle à travers le monde. Sur son compte Instagram, suivi par plus de 13 000 abonnés, elle partageait ses photos et ses vidéos où elle apparaissait souriante et épanouie, vantant les bienfaits du crudivorisme.

Mais derrière cette image idyllique se cachait une réalité plus sombre. Zhanna D’Art souffrait en fait de graves carences nutritionnelles et d’une extrême maigreur. Elle ne pesait que 35 kilos pour 1m70 et avait perdu ses cheveux et ses dents. Elle était aussi atteinte d’une anémie sévère et d’une ostéoporose avancée. Son état s’est aggravé lorsqu’elle s’est installée en Malaisie, où elle vivait dans une cabane sans eau ni électricité. Elle est décédée le 28 juillet dernier, après avoir refusé toute aide médicale.

Son cas n’est pas isolé. D’autres adeptes du crudivorisme ont connu des destins similaires, comme la Française Anne-Marie Cassan, morte en 2016 à l’âge de 53 ans, ou l’Américaine Megan Elizabeth Morris, décédée en 2019 à 29 ans. Toutes deux étaient des influenceuses qui promouvaient le crudivorisme sur les réseaux sociaux.

Les risques du crudivorisme pour la santé

Le crudivorisme, bien que bénéfique pour la santé en raison de la préservation des vitamines et minéraux, peut également présenter des risques. L’exposition aux microbes et bactéries est plus importante dans une alimentation crue. Les viandes, poissons, coquillages et œufs, s’ils ne sont pas consommés frais et manipulés selon des règles d’hygiène strictes, peuvent développer des germes à l’origine d’intoxications alimentaires. Les températures élevées sont nécessaires pour éliminer les microbes, germes et bactéries comme les salmonelles, les staphylocoques ou le ténia, véhiculés par les viandes, et les anisakis, parasites du poisson.

Les fromages au lait cru peuvent également renfermer une bactérie, la listéria, responsable d’une infection, la listériose. Il est donc essentiel de privilégier la fraîcheur des aliments. Par exemple, pour un steak tartare, il est recommandé de demander à votre boucher de hacher la viande devant vous et de la consommer dans les douze heures qui suivent.

En outre, chez les sujets sensibles ou atteints du syndrome du côlon irritable, les fibres de certains végétaux crus, plus irritantes, peuvent générer des ballonnements, des gaz, des douleurs abdominales. Pour éviter ces désagréments, il est conseillé d’éplucher et d’épépiner les fruits et légumes, de privilégier les variétés les plus digestes, de les consommer mûrs et d’augmenter progressivement les quantités.

Enfin, les femmes enceintes doivent faire preuve de prudence avec le crudivorisme. Les autorités sanitaires recommandent de bien cuire les produits d’origine animale, de ne pas consommer de préparation à l’œuf cru et de bannir les fromages au lait cru, les croûtes de fromage, les poissons fumés et la plupart des charcuteries pour éviter toute contamination par des bactéries ou des microbes.

La cuisson adéquate des produits d’origine animale : une garantie de sécurité alimentaire

La cuisson des produits d’origine animale est une étape cruciale pour garantir la sécurité alimentaire. En effet, une cuisson adéquate permet d’éliminer les bactéries potentiellement dangereuses, telles que Salmonella ou Listeria monocytogenes, qui peuvent provoquer des toxi-infections alimentaires. Ces infections se manifestent généralement par des symptômes gastro-intestinaux bénins, tels que des vomissements, des crampes abdominales ou des diarrhées, mais peuvent également entraîner des formes plus sévères, provoquant des septicémies, des hépatites ou encore des symptômes neurologiques.

La sécurité sanitaire des aliments est une question complexe qui nécessite une intervention à toutes les étapes de la chaîne alimentaire, de la production à la consommation. Chaque étape du processus, de la production primaire à la préparation finale, peut être une source potentielle de contamination. Par exemple, l’utilisation de matières premières contaminées, comme des viandes et œufs contaminés par des salmonelles, ou le non-respect des mesures d’hygiène lors de la transformation, la distribution ou la préparation des aliments, peuvent entraîner des contaminations.

Pour prévenir ces contaminations, les professionnels de l’agroalimentaire mettent en place des bonnes pratiques d’hygiène, comme le nettoyage et la désinfection des surfaces ou l’hygiène du personnel, ainsi que des procédures fondées sur les principes de l’HACCP (analyse des dangers – maîtrise des points critiques).

Cependant, le consommateur demeure un acteur essentiel de la sécurité sanitaire des aliments. En effet, chaque année, environ un tiers des foyers de toxi-infections d’origine alimentaire déclarés en France survient dans le cadre familial. Une partie de ces cas est due à des mauvaises pratiques au domicile : conservation inadéquate, cuisson insuffisante ou transferts de contaminants à travers les ustensiles de cuisine. Pour contribuer à y remédier, il est recommandé de se laver régulièrement les mains, de ne pas cuisiner lorsque l’on est malade, de nettoyer fréquemment son réfrigérateur, de respecter la chaîne du froid et la date limite de consommation (DLC) des produits, et surtout, de bien cuire les aliments.

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